Vaccins et intestin : pour le meilleur ou pour le pire

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Il est aujourd’hui acquis par la science que l’écosystème intestinal constitue le socle de notre immunité. Nous découvrons à présent que le succès ou l’échec d’un vaccin pourrait dépendre de la présence de certaines bactéries et facteurs génétiques intestinaux. De quoi nous rappeler que la vaccination ne peut être qu’individualisée, tenant compte du terrain biologique de chacun.

C’est la revue médicale Expert Review of Vaccines qui le dit : une relation symbiotique avec les microbes est cruciale pour la santé humaine. Des travaux récents démontrent que le microbiote pourrait avoir une influence sur l’immunité induite par les vaccins. L’expression de certains gènes codant pour des récepteurs à la surface des cellules immunocompétentes de la barrière intestinale, corrélée à la présence de souches identifiées du microbiote, semble décider des taux d’anticorps produits en réponse à un vaccin. Ceci aussi bien pour des vaccins injectables qu’oraux, ce qui montre l’implication du microbiote y compris dans des phénomènes non locaux.

Un système d’aiguillage dès l’intestin

En 2015, l’institut des sciences biomédicales de Géorgie (USA) découvre une relation entre le microbiote intestinal et l’immunité adaptative suite à une vaccination. Cette découverte confirme et précise des travaux de 2011 qui montraient déjà une corrélation – positive ou négative – entre l’expression de certains gènes et la réponse immunitaire après un vaccin contre la grippe.  Sous les feux de la rampe, le TLR5 dont le degré d’expression fait varier les taux sériques d’anticorps.

Les TLR (toll-like receptors) font partie de la famille des récepteurs spécifiques de reconnaissance des motifs moléculaires. Ils permettent une reconnaissance directe des microbes à partir de motifs moléculaires échantillonnés puis conservés. Ils ont le double rôle crucial de tenir à distance les bactéries pathogènes et d’induire la tolérance des bonnes bactéries ayant vocation à s’installer dans les villosités. Les bactéries du microbiote participent directement à la maturation du système immunitaire. Le dysfonctionnement des TLR a été identifié dans la genèse de certaines maladies auto-immunes.

La composition du microbiote, la distribution des différentes familles bactériennes, sont déterminants pour l’efficacité d’une vaccination. La reconnaissance de la flagelline (protéine du flagelle permettant aux bactéries de se mouvoir) par TLR5 favorise la différenciation des lymphocytes B en plasmocytes, cellules productrices d’anticorps. De fait, la prise d’antibiotiques à large spectre peu avant une vaccination est susceptible d’affecter négativement la réponse immunitaire. C’est peut-être la raison d’une moindre efficacité des vaccins dans les pays sous-développés, où de nombreux facteurs modifiant défavorablement la composition du microbiote sont réunis : malnutrition, manque d’hygiène, surexposition antigénique, manque d’anticorps maternels.

A ce jour, les chercheurs concèdent ne pas avoir encore compris le rôle exact du microbiote intestinal dans la réponse immunitaire aux vaccinations. Le lien entre l’inoculation de certains vaccins, le microbiote intestinal et la réponse immunitaire est loin d’être clair. Il n’en reste pas moins réel. La littérature scientifique de ces dernières années suggère qu’avant de vacciner, nous devrions nous assurer de l’état du microbiote des individus. Plusieurs études font état d’une amélioration de la réponse vaccinale et d’une diminution de l’inflammation grâce à un apport de probiotiques.

A chacun son microbiote

Il existe jusqu’à 800 espèces bactériennes recensées, certaines étant communes à tous les hommes tandis que d’autres sont spécifiques à l’individu. On observe aussi des différences selon les peuples. Les facteurs susceptibles d’impacter la composition du microbiote sont très nombreux. Il est aujourd’hui démontré que l’immunité est initiée par le dialogue entre les cellules immunocompétentes de l’intestin (GALT) et les bactéries résidant dans les villosités. Un déséquilibre entre les familles bactériennes entraîne une dysbiose, c’est-à-dire une altération qualitative et quantitative du microbiote.

Une grande diversité bactérienne permet de conserver une relation hôte-microbiote de qualité, ainsi que de rétablir plus rapidement un équilibre à la suite de bouleversements. Les allergies, les maladies inflammatoires chroniques, les troubles métaboliques, les troubles neurologiques, les maladies auto-immunes, le cancer, sont généralement corrélés à une perte de diversité du microbiote. Cette perte ne se produit pas par hasard, elle est le fruit de facteurs environnementaux.

La faculté de pharmacie de l’Université de Tokyo, en 2017, observe qu’une abondance de bactéries des familles clostridia, entérobactéries et pseudomonadales est associée à une inflammation systémique ainsi qu’à une moindre réponse vaccinale. Par ailleurs, le SIBO (une prolifération anormale de la flore du grêle), fréquent dans les pays sous-développés, contribue à une baisse des anticorps contre la toxine du choléra après immunisation.

Une étude publiée en 2014 dans la revue Pediatrics suggère que l’inefficacité de vaccins oraux dans les pays sous-développés est peut-être due à une dysbiose. La prédominance des bifidobactéries, qui font partie d’un microbiote résident sain, favorise le développement du thymus – haut lieu de la maturation des lymphocytes – et augmente la réponse aux vaccins tant oraux que parentéraux dans la prime enfance. On pourrait en déduire qu’une meilleure réponse vaccinale est possible en limitant les dysbioses le plus tôt possible et en favorisant les bifidobactéries, ce qui est possible grâce à l’allaitement puis à une stratégie probiotique adaptée. Par ailleurs, les chercheurs suggèrent la possibilité d’utiliser ces souches probiotiques comme adjuvants vaccinaux.

Bactéries, métaux lourds et vaccins

Les enfants qui ne développent pas un microbiote normal sont beaucoup plus exposés aux effets indésirables des vaccins. Il se trouve aussi que la présence de métaux lourds modifie la composition du microbiote. Les autistes par exemple ont à la fois des problèmes avec les métaux lourds et avec les bactéries. Des travaux de recherche d’horizons très différents ont tous révélé une inflammation de la muqueuse intestinale.

Pour le Dr Stephen Walker, le vaccin ROR est susceptible, chez les individus dont l’écosystème intestinal est fragilisé, d’aggraver les dysfonctionnements et d’entraîner le passage dans le sang de molécules indésirables qui, en aval, iront perturber les circuits cérébraux. Ce qu’explique la théorie de l’hyperperméabilité intestinale, aujourd’hui largement documentée (1). La vaccination, additionnée à la consommation d’antibiotiques, entraîne une perturbation durable de l’écosystème intestinal et de l’immunité dont on commence seulement à mesurer l’ampleur.

Dans une publication de la Washington University de Saint-Louis en août 2014, on peut lire que les enfants prématurés naissent avec un microbiote dominé par des gammaproteobactéries, ce qui entraîne une réponse immunitaire défavorable à la vaccination corrélé à un risque plus élevé d’autisme. L’effet protecteur des bifidobactéries n’est pas encore développé à la naissance. Dans ces conditions, est-il raisonnable de vacciner les enfants prématurés selon le même calendrier que les enfants nés à terme ?

La bactérie Bacteroides fragilis a montré des capacités à améliorer certains symptômes autistiques. La recherche travaille à la mise au point de probiotiques qui pourraient être inclus dans la stratégie thérapeutique contre l’autisme. Une étude publiée en 2014 par l’American Society for Microbiology révèle que certaines souches probiotiques protègent les femmes enceintes – et donc le fœtus – des métaux lourds ingérés.

Les chercheurs américains du Pfeiffer Treatment Center ont découvert un lien entre l’autisme et l’activité des métallothionéines (MTs), des protéines qui jouent un rôle important à la fois dans l’évacuation des métaux lourds et dans le développement cérébral. Lorsque l’activité de ces protéines est diminuée, on constate à la fois une hypersensibilité aux métaux lourds ainsi que des symptômes qui cadrent avec les caractéristiques principales de l’autisme. Les MTs sont présentes au niveau du GALT, des glandes endocrines et des organes lymphoïdes, lesquels ne sont pas pleinement matures avant l’âge de deux ans.

Pour les chercheurs du MIT de Boston, expliquer la forte hausse de la prévalence de l’autisme par un meilleur diagnostic ne tient pas la route. Ils soulèvent que cette augmentation est due aux toxiques environnementaux. Deux d’entre eux suivent presque exactement la courbe de l’autisme : l’aluminium vaccinal et le glyphosate (molécule chère à Monsanto). En synergie, ils bloquent l’enzyme CYP sur l’axe intestin-foie, perturbant le métabolisme de la sérotonine, indispensable au cerveau mais aussi à l’intestin qui en a besoin pour se protéger de l’inflammation.

Mettre son intestin en eubiose

L’intestin humain, c’est 300 m² de surface d’absorption et de contact avec ce qui provient de l’extérieur. La surface d’un terrain de tennis ! Cette surface accueille environ cent mille milliards de bactéries, soit dix fois plus que le corps humain ne compte de cellules. Son rôle immunologique est majeur : il tolère les composants du soi et les antigènes inoffensifs, et développe une réponse immunitaire graduée contre les pathogènes. Ce rôle ne peut être tenu que si les populations bactériennes sont équilibrées en nombre et en répartition, ce qu’on appelle l’état d’eubiose.

Stérile in-utéro, l’intestin est colonisé dès la naissance au contact du vagin maternel, d’où l’importance de privilégier un accouchement par voie basse. Le microbiote va ensuite se diversifier grâce aux contacts de l’enfant avec l’environnement. Si l’hygiène est indispensable, un environnement excessivement aseptisé ne permettra pas les contacts de l’enfant avec le monde bactérien, nécessaires à la mise en place d’une immunité efficace. C’est seulement entre l’âge de 2 et 3 ans que le microbiote de l’enfant devient stable, qu’il soit sain ou non. Nous devons être particulièrement vigilants durant cette période car la composition du microbiote du nourrisson sera déterminante pour la qualité du système immunitaire de l’individu sa vie durant.

Puisque cet écosystème est le socle de l’immunité, nous devrions, avant de prétendre guérir ou prévenir quoi que ce soit, nous assurer qu’il soit dans le meilleur état possible. Chez le nourrisson, la base, c’est l’allaitement. Je cite le Pr Henri Joyeux : « Le lait maternel donné comme le recommande l’OMS, six mois intégralement (pas d’autre nourriture) est la meilleure protection immunitaire du bébé. La vaccination contre les trois maladies obligatoires, Diphtérie-Tétanos-Polio, peut alors attendre les deux ans de l’enfant en bonne santé. Un enfant allaité par sa mère aura naturellement les maladies infantiles classiques et les supportera bien et mieux que les enfants nourris aux laits artificiels qu’il faut vacciner plus tôt. »

Ensuite, chez l’enfant et l’adulte, on veillera à la consommation de fibres, de produits lactofermentés, d’antioxydants. On évitera toute prise d’antibiotique autant que possible (c’est souvent possible) et lorsqu’on ne peut pas y échapper, on pensera à la prise de probiotiques aussitôt après. On évitera les aliments chargé d’additifs et de pesticides, la surconsommation de sucre. Enfin, la règle d’or accessible à tous : bien mastiquer. Des aliments insuffisamment mâchés iront fermenter et putréfier dans l’intestin, provoquant une suractivité du microbiote.

Que déduire et retenir de tout cela ?

Premièrement, que la vaccination ne peut être qu’un geste individualisé, pratiqué en connaissance complète de l’état de santé de la personne et de son histoire médicale. Elle doit aussi répondre à un risque réel. Chaque individu est unique au niveau génétique, épigénétique et du microbiote. La vaccination de masse, aveuglément distribuée, est un non-sens biologique susceptible de conduire à des catastrophes sanitaires.

Deuxièmement, que l’intérêt d’une vaccination, même à bon escient, risque d’être contrarié par la présence grandissante des toxiques environnementaux auxquels nous sommes exposés et qui affolent le système immunitaire. Cela pose la question des priorités : vacciner tout le monde contre de plus en plus de maladies, ou bien d’abord s’assurer que chacun ait accès à une nourriture saine, à un logement salubre et à un cadre de vie adapté ?

Troisièmement, que le fonctionnement exact du système immunitaire, de même que la nature et la portée de nos relations avec le monde microbien nous échappent encore. Certains auteurs ont comparé la part inconnue du microbiote – à ce jour majoritaire – à la matière noire de l’Univers, que l’on ne parvient pas à observer mais dont on déduit la présence. Il est aujourd’hui question d’un « virobiote », des virus qui réguleraient tant l’homéostasie bactérienne que l’expression de certains gènes. De quoi être beaucoup moins affirmatif sur la pharmacocinétique des vaccins et des médicaments en général.

Toutes ces données devraient être prises en compte à l’heure où la question vaccinale semble tourner à la guerre de religion. Une politique de santé doit s’appuyer sur des faits et non sur des croyances, des anathèmes ou des arguments d’autorité. Nous devons absolument apprendre de nos erreurs passées et exploiter pleinement le fruit des découvertes actuelles, quand bien même celles-ci bousculent nos certitudes. Par définition, la science n’est pas dogmatique et les connaissances qu’elle propose demeurent ouvertes à la révision. Les découvertes sur le microbiote sont en train de révolutionner la médecine. La vaccination n’y échappera pas.

(1) Lire à ce propos l’ouvrage exhaustif « Ecosystème intestinal et santé optimale » du Dr Georges Mouton

Dimitri Jacques

est psychonutritionniste libéral, journaliste scientifique et formateur en micronutrition. Élève du Pr Vincent Castronovo, il est l'auteur de plusieurs ouvrages de santé et se consacre à l'étude des relations entre esprit et biologie. Il est engagé auprès d'associations de prévention en santé mentale et de structures éducatives.

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