La sophrologie dans la gestion du stress, quels enjeux ?

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C’est caractéristique de notre société dominée par le mental : elle croit connaître les choses à en parler et en donner des explications. Or, certaines choses se vivent avec le corps et c’est bien notre individu tout entier que le stress interroge.
Le stress est-il, comme on l’entend, le mal du siècle ?

On en parle beaucoup en effet mais à la surface des choses. La plupart des gens se méprennent sur la nature intrinsèque du phénomène. Le stress est en soi quelque chose de positif, puisqu’il nous permet de mobiliser nos capacités pour réagir à une situation qui présente un enjeu particulier et la dépasser.

C’est l’intensité mais surtout la durée de la situation stressante qui va conduire à l’épuisement et à la maladie. Les agressions répétées de la vie sociale ne nous laissent pas le recul suffisant pour appréhender les problématiques qu’elles soulèvent, et moins encore pour leur apporter une solution adaptée. Comme la demande devient permanente, les muscles restent tendus, l’esprit reste alerte, beaucoup d’énergie est sur le départ sans pouvoir être libérée. Il faut bien comprendre qu’une pathologie du stress ne s’attrape comme un mauvais rhume, c’est le signe d’une profonde disharmonie entre l’individu et son milieu de vie.

A quel moment faire appel à la sophrologie ?

D’abord, n’oublions pas que la vocation première de cette discipline est préventive. Il n’y a aucune honte à venir apprendre à se détendre, sans attendre les rappels à l’ordre de notre corps. J’entends trop souvent « je n’ai pas le temps », avec ce mélange indéfinissable de dépit et de fierté, qui est la marque flagrante de notre mental en train de fuir le présent. Nous préférons nous projeter sans cesse dans un avenir hypothétique, ce qui nous oblige à gérer mille préoccupations et nous évite d’être confrontés à notre réalité dans l’instant.

Ceci étant dit, il est évident que dès qu’un état de mal-être est suffisamment installé pour entraver les relations sociales (travail, couple), il ne faut plus se poser de question. La palette de symptômes est aussi large que connue, mais le rapprochement avec la situation stressante n’est pas toujours fait : mauvais sommeil, fatigue anormale, douleurs musculaires sans cause biologique connue, anxiété, irritabilité, grande difficulté à maintenir l’attention, perte de l’estime de soi, pensées en boucle, peurs, perte des moyens et sentiment d’impuissance…

Cela peut-il éviter d’aller chez le médecin ?

Nous évoluons dans le monde du bien-être qui, comme les deux faces d’une pièce, est indissociable de la santé. Tout ce qui contribue à bonne hygiène de vie et une relation d’équilibre avec son environnement diminue fortement les risques de tomber malade, ce n’est un secret pour personne.

Les techniques de sophrologie ne remplacent pas un traitement médical mais peuvent en améliorer l’efficacité, un patient plus détendu est en général plus réceptif. Pour ceux qui souffrent de maladies chroniques ou sont engagées dans un processus thérapeutique éprouvant, elles aident à évacuer les tensions et les schémas négatifs qui empêchent l’organisme de mobiliser ses défenses.

Jusqu’où peuvent aller les conséquences du stress ?

Il est évident que cette énergie que nous refoulons doit aller quelque part. Elle va se déverser dans notre organisme et peut finir par y provoquer des dégâts. Un corps abandonné aux désordres physiologiques n’est plus en mesure de se défendre correctement contre les maladies de toute sorte, il offre même un terrain favorable à leur développement. Peuvent survenir des maladies de dégénérescence comme le cancer, une dépression bien sûr, et aussi des lésions cérébrales qui peuvent déboucher sur une schizophrénie.

Mais il y a quelque chose de plus profond. Notre société s’est réfugiée dans sa tête, dans les mots et les constructions mentales, et le corps n’est plus qu’un outil encombrant qui n’a qu’à bien se tenir. Or, nous assistons à un développement sans précédent de maladies comme l’anorexie ou les troubles borderline, où le mouvement incessant des pensées fait rage, les émotions ne trouvent plus à se dire et le corps n’est plus perçu correctement. Tous les dysfonctionnements que j’ai rencontré chez les patients sont d’essence courante chez l’homme occidental, je dirais même ironiquement qu’ils le définissent. Cela devrait nous interpeller sur l’aboutissement d’un mode de vie contre-nature.

Que peut bien apporter la sophrologie arrivé à ce stade ?

L’objectif est clairement de se réapproprier sa réalité, de reconquérir son corps et de devenir conscient de ce qui s’y passe. Au-delà du traitement médical qu’on lui applique, cela permet de donner un sens à la maladie. La souffrance est l’énergie des intentions inaccomplies, de ce qui n’a pas trouvé à se dire. Cette énergie qui parcoure et épuise l’individu est souvent entretenue par des pensées obsessionnelles et des projections morbides qui tournent à la haine de soi.

J’ai constaté dans ma pratique que cette énergie peut être stoppée dans le présent. En vivant intensément et avec tout son corps l’instant présent, il est possible de déposer son fardeau et d’accéder à nouveau à ses ressources intérieures. En somme rien de nouveau sous le soleil, car tout cela rejoint par exemple les enseignements de la chine antique, nous ne faisons que les redécouvrir avec la science d’aujourd’hui (cf “La solution intérieure” du Dr Thierry Janssen).

En quelques mots, en quoi consiste la sophrologie ?

La sophrologie est issue du rapprochement des médecines traditionnelles orientales, et d’approches plus récentes empruntées à la psychologie occidentale, à notre connaissance du cerveau et de la physiologie humaine. C’est donc une méthode de synthèse qui n’invente rien mais qui constitue peut-être la première approche réellement globale de l’individu proposée en occident. Par des mouvements respiratoires, des exercices de relaxation, de méditation guidée ou des suggestions auto-hypnotiques, on cherche à obtenir un état de conscience qui permet de voir ce qui se passe au-delà du rideau des pensées.

Beaucoup de techniques sont efficaces pour modérer son stress mais je préfère toujours m’attaquer aux causes et viser le rétablissement de l’harmonie dont l’altération créé ces perturbations. Il existe aussi des méthodes d’approfondissement, comme la sophro-analyse qui travaille les émotions infantiles et permet de faire ressortir des conditionnements inconscients. Dans tous les cas, le vécu corporel est intimement lié aux questions psychologiques, notre corps ne ment jamais.

Dimitri Jacques

est psychonutritionniste libéral, journaliste scientifique et formateur en micronutrition. Élève du Pr Vincent Castronovo, il est l'auteur de plusieurs ouvrages de santé et se consacre à l'étude des relations entre esprit et biologie. Il est engagé auprès d'associations de prévention en santé mentale et de structures éducatives.

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